Publié dans Economie

Lucky Andrianirina - Le succès de Masàky, une start-up qui valorise les matières locales

Publié le lundi, 17 juin 2024

Lucky Andrianirina, co-gérant et fondateur de Masàky Sarl, partage avec nous l'aventure de sa start-up qui valorise les matières locales en proposant des sauces tamarins. Il nous parle de l'origine de Masàky, des défis rencontrés ainsi que des impacts sociaux et environnementaux de son entreprise. 

La Vérité (+) : Pouvez-vous nous parler de l'origine de Masàky et de ce qui vous a inspiré à créer cette start-up ?

Lucky Andrianirina (-) : C'est parti d'une recette mauricienne que ma mère a découverte par hasard. Nous avons essayé la recette et l'avons améliorée ensuite. Durant mon cursus universitaire, j'avais proposé le produit dans le cadre d'un devoir où nous devions monter un projet de transformation. C'est à cette époque que m'est venue l'idée d'appeler le produit Masàky, qui vient des mots « masaka », « masiaka » et « mahasaky ». En 2019, j'ai répondu à un appel à projet de l'ambassade de France à Madagascar, et Masàky a été retenu pour un accompagnement. Grâce à cela, nous avons développé le projet, fait nos premiers tests et effectué nos premières ventes.

(+) : Pourquoi avez-vous choisi de valoriser les matières locales et en quoi cela est-il important pour Masàky ?

(-) : Nous avons choisi le tamarin parce que c'est un fruit apprécié qui fait partie de notre culture. On a tous déjà dégusté du tamarin durant la récréation ou au moins vu un de nos camarades de classe le faire. Le tamarin, c'est la nostalgie ! En utilisant ce fruit, nous contribuons à rendre la communauté avec laquelle nous travaillons plus résiliente en apportant des revenus supplémentaires, sans nécessiter la destruction des forêts.

(+) : Qu'est-ce qui rend vos sauces tamarins uniques par rapport à d'autres produits sur le marché ?

(-) : Nos sauces sont uniques car elles préservent l'authenticité du produit et permettent de retrouver des perceptions de notre enfance. Goûter nos sauces, c'est se faire plaisir deux fois : une première en bouche avec un goût unique qui se marie très bien avec les viandes, les snacks et les salades, et une seconde fois dans la tête, avec des souvenirs doux.

(+) : Quels sont les principaux défis auxquels vous avez été confronté en valorisant les matières locales et en produisant vos sauces ?

(-) : Les défis sont quotidiens pour les entreprises. Aujourd'hui, le plus gros défi est de nous rapprocher encore de nos clients et d'élargir nos points de vente, notamment dans les grandes surfaces. En ce qui concerne la transformation des matières locales, cela nous a pris deux ans pour mettre en place notre chaîne d'approvisionnement actuelle. C'était difficile de trouver des partenaires prêts à répondre à nos besoins.

(+) : Pouvez-vous décrire le processus de fabrication de vos sauces tamarins, allant du choix des ingrédients jusqu’à à la mise en bouteille ?

(-) : Tous nos produits viennent de producteurs et d'entreprises locales. Pour le tamarin, nous travaillons directement avec une communauté située dans la Région de Menabe et prenons soin d'avoir du tamarin de qualité. Pour les épices, nous nous fournissons auprès d'une entreprise qui travaille avec des coopératives locales. Tout le processus est artisanal, allant de la préparation à l'embouteillage et l'étiquetage. Nos produits suivent les normes nationales de consommabilité et de mise sur le marché.

(+) : Comment votre entreprise contribue-t-elle au développement économique et social de la Région d'où proviennent vos matières premières ?

(-) : Notre impact est très localisé et notre ambition est d'aller plus loin avec d'autres communautés. L'exemple le plus marquant pour moi est lorsque notre référente à Morondava m'a raconté que grâce à ses revenus venant du tamarin, elle a pu s'offrir, pour elle et sa famille, des vacances pour la première fois à l'occasion de la réussite au bac de son fils cadet. Ils sont allés dans leur « tanindrazana », situé dans l'Androy pour un mois.

(+) : Quelles mesures prenez-vous pour assurer que votre production est durable et respectueuse de l'environnement ?

(-) : La durabilité nous tient à cœur et nous nous engageons à offrir des conditions de travail justes pour nos collaborateurs. Nous mutualisons autant que possible avec d'autres entreprises, privilégions le local et contribuons au renforcement de la résilience de nos partenaires œuvrant dans la Région de Menabe.

(+) : Quelle a été la réaction du marché et des consommateurs depuis le lancement de vos sauces tamarins ?

(-) : Au début, les gens étaient un peu réticents et nous demandaient toujours d'où venait notre tamarin. Maintenant, je pense que nous avons pu convaincre nos clients de la qualité de nos produits. Quand les gens goûtent nos sauces tamarins pour la première fois, ils ont toujours cette réaction : « Waouh !  Mais ça a le goût du tamarin, c’est ce que l'on mangeait quand on était petit ! ». Le produit plaît une fois qu'on y a goûté. Maintenant, notre défi est d'être davantage présent sur le marché.

(+) : Avez-vous des projets d'expansion ou de développement de nouveaux produits à base de matières locales ?

(-) : Nous travaillons actuellement sur de nouveaux produits pour élargir notre clientèle, en plus de travailler à étendre notre réseau de distribution. Il y a quelques semaines, nous avons lancé un produit appelé « Sauce lasary », une vinaigrette allégée pour celles et ceux qui font attention à leur ligne et souhaitent gagner en praticité.

(+) : Quels conseils donneriez-vous aux autres entrepreneurs qui souhaitent se lancer dans une entreprise valorisant les matières locales ?

(-) : Le fait de valoriser les matières locales représente un grand défi et il faut avoir les épaules solides pour mettre en place une bonne chaîne d'approvisionnement. Avant de se lancer, il faut d'abord avoir identifié un besoin d'une clientèle, le tester et le valider pour mettre un maximum de chances de son côté. Quand on se lance, il faut s'ouvrir. Il s’agit de s'ouvrir aux autres et d’aller chercher de l'aide et des informations. Puis, s'ouvrir aux retours des clients pour s'améliorer. Et ensuite, s'ouvrir aux opportunités en partageant ses ambitions et son projet.

 

Carinah Mamilalaina

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Editorial

  • Un phare
    « Je voudrais être un phare qui voulais illuminer les démunis et leur apporter la lumière », telle est la déclaration, érigée en confession de foi, de Harilala Ramanantsoa, porte étendard n° 7 de l’IRMAR – UPAR aux communales et municipales d’Antananarivo-Renivohitra prévues le 11 décembre prochain. A l’issue d’un culte d’action de grâce et de louange au temple du Palais de Manjakamiadana, Harilala Ramanantsoa répond à la question des confrères pourquoi a-t-elle choisi ce site historique pour organiser un culte qu’elle devait déclarer ainsi. Qu’est-ce qu’un phare ? Le Robert le définit en ces termes « une tour élevée sur une côte ou sur un îlot, munie à son sommet d’un feu qui guide les navires ». Sur un véhicule, c’est un feu à longue portée pour offrir la meilleure visibilité la nuit au conducteur.

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